Marion Karimjooy
, 9 février 2024
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Une entreprise est une microsociété : elle est le reflet du monde dans lequel nous vivons. Et comme ce dernier est ponctué d’enjeux planétaires, chaque organisation est elle aussi confrontée à des conflits de toutes sortes entre les membres qui la composent. Évidemment, on parle d’un phénomène à plus petite échelle appelé microcosmique. Mais savez-vous quoi ? C’est normal de ne pas être en accord avec nos collègues ou notre entourage sur tous les sujets. Ça fait partie de la vie !

D’ailleurs, la complexité relationnelle est devenue telle qu’elle engendre des incompréhensions ou des incertitudes dans notre rapport aux autres, pouvant préparer le terreau sur lequel germeront des conflits. Cependant, comme le changement passe d’abord et avant tout par nous-même, il est possible de nous questionner sur nos propres comportements. Comment, en tant que microcommunauté au sein de la société, une organisation peut-elle s’organiser pour réussir à maintenir des relations saines, respectueuses et justes ?

J’ai un indice pour vous : prendre un pas de recul, s’observer pour prendre conscience de ses actes.

En faisant ce pas de recul de façon individuelle, collective et organisationnelle, nous avons ainsi l’ouverture nécessaire pour bâtir des rapports propices à l’échange et à la collaboration au travail. C’est ce que j’aime appeler la posture alchimique pour de justes relations. Suivez-moi, je vous explique tout.

Les bases d’une gestion organisationnelle axée sur les relations humaines

Pour bien comprendre le sujet de la posture alchimique, je vous invite à faire un saut dans le temps et à revenir dans les années 1920. Tout débute lorsque le psychologue Elton Mayo propose une nouvelle ligne de pensée : les employés ne sont pas des machines et ne devraient pas être considérés ainsi. En d’autres mots, il faut arrêter de leur demander de produire, produire et produire encore.

Pour lui, les organisations devraient plutôt traiter chaque humain à part entière et être à l’écoute de ses besoins. Pourquoi ? Parce que Mayo a bien saisi que le comportement des gens, dans un groupe, a tendance à affecter chaque individu personnellement.  

Assoyez-vous bien, c’est ce qu’on appelle… les relations humaines ! Parfois riches, parfois amusantes, parfois stressantes, elles sont inévitables autant qu’elles sont incontournables. Elles sont le fruit de nos amitiés et de nos amours, et là où fleurit une relation, peut potentiellement s’immiscer un conflit.

Elton Mayo a donc établi les bases d’une gestion organisationnelle axée sur les relations humaines. On peut sans aucun doute s’inspirer de son travail pour mettre en place des environnements collaboratifs et sains dans nos organisations.

Ayant tout ceci en tête, il est intéressant que chacun de nous se questionne sur son propre rapport aux divergences que nous rencontrons au quotidien. Plus spécifiquement, à la posture que nous adoptons lors de conflits qui peuvent émerger au travail. Après ce retour dans le temps, je vous invite à présent à explorer plus en profondeur les tenants et les aboutissants de la posture alchimique, afin de bâtir de justes relations.

Comment bâtir de justes relations au travail lorsque nous sommes confrontés à des opinions opposées ?

Comme je l’ai mentionné un peu plus tôt, les organisations sont le reflet de la société, en termes de réussites, d’échecs, de conflits, ou encore de défis, aussi divers que variés. Notre posture face à un enjeu conflictuel déterminera sa résolution ou non.

La question est donc comment arrivons-nous à nous positionner face à des événements et à des situations conflictuelles dans notre vie professionnelle ? Pour y répondre, explorons deux éléments clés de compréhension d’un conflit.

Premièrement, qu’est-ce que le conflit éveille en nous ? Sommes-nous dans une dynamique de vengeance, de colère, de haine ou au contraire, sommes-nous dans la sagesse, l’écoute et la compréhension ? A-t-on la volonté d’en arriver à un juste milieu ou vise-t-on les polarités bons / méchants, j’ai raison / tu as tort, pro / anti, etc. ? Ces polarités, je tiens à le rappeler, sont des voies sans issue. Elles ont tendance à envenimer les situations plus qu’elles ne les résolvent. Dans notre environnement de travail comme dans notre vie personnelle, en les adoptant tout le monde est perdant.

Deuxièmement, la réaction suscitée en nous va être intimement liée à notre façon d’appréhender et de gérer le conflit.

Je vous invite aujourd’hui à vous questionner, à faire une introspection afin de mieux comprendre comment vous réagissez face aux divers événements et défis qui peuvent se dresser sur votre chemin. Car, en effet, un conflit n’est pas anodin et représente aussi une opportunité de croissance.

Faites preuve de bienveillance et de bonne foi… même si vous êtes en désaccord !

Quelques qualités indispensables pour une meilleure résolution des conflits au travail

Gardons toujours à l’esprit que, dans une organisation, des gens de tous les horizons, ayant des bagages différents, se côtoient au quotidien. Malgré l’unicité de chacun, il est possible de créer un environnement propice aux relations bienveillantes et justes. Pour ce faire, découvrez la posture alchimique aux qualités fondamentales (et essentielles !) à la résolution des conflits.

Le courage

Cela prend du courage pour regarder la situation telle qu’elle est, sans la distordre avec des biais. Rappelons-nous que si nous faisons l’expérience d’un conflit, c’est que nous résonnons avec celui-ci, car il entre en relation avec nos ZIS (zones intérieures sensibles).  

Après avoir contemplé un événement en prenant la position de témoin, il est alors plus facile de discuter avec les personnes concernées. Parlons du différend calmement et franchement, dans l’optique d’un dénouement efficace et gagnant-gagnant.

L’honnêteté

Tout le monde apprécie les gens honnêtes et véritables, les individus en qui on peut avoir confiance. Pas vrai ? Et si nous faisions maintenant preuve de cette même franchise envers nous-mêmes ?  

Cette qualité essentielle va nous permettre d’analyser la situation conflictuelle en milieu de travail pour mieux cibler les émotions éveillées en nous. Avons-nous vécu de l’injustice, du rejet, de l’humiliation, de l’abandon, de la trahison ? L’honnêteté aidera chaque individu à reconnaître ce qui a été touché en lui et ainsi, éviter de blâmer des circonstances extérieures.

L’humilité

C’est une grande qualité que d’être capable de reconnaître ses torts, ses faiblesses et ses insuffisances !  

Quand nous sommes à régler un conflit, l’humilité nous permet de nous voir tels que l’on est, avec nos petits bobos et nos erreurs de parcours. Nous portons tous un bagage façonné selon nos expériences de vie. Ce bagage sociétal et familial peut justement expliquer le terreau sur lequel se forment des conflits. N’oublions jamais que personne, sans exception, n’est parfait.

La prise de ses responsabilités

Celle-ci, je l’aime bien. Arrêtons de pointer du doigt pour se déculpabiliser, et tentons plutôt de reconnaître nos actions, de nous approprier nos comportements. Offrez-vous la chance de reconnaître vos erreurs. Certains conditionnements de société font en sorte que nous avons tendance à accuser les autres. Savoir faire face à ses responsabilités est une qualité qui peut désamorcer bien des situations.

Pour illustrer cette prise de responsabilité, prenons l’exemple d’une amie qui nous demande d’aller la chercher chez elle. Les conditions routières sont favorables : la visibilité est bonne et la chaussée ne glisse pas. Malgré tout, nous avons un accident de voiture sur le chemin. Comment réagissez-vous, aurez-vous tendance à blâmer votre amie qui vous a demandé un service ? Voyons-le autrement. Ce n’est certainement pas la faute de l’amie en question. Serait-ce plutôt la conséquence de notre imprudence et de notre conduite ? Rappelez-vous que vous êtes le maître de vos actions et que vous êtes la seule personne qui en est responsable.

Vous avez là des qualités qui contribuent subtilement, et (très) efficacement, à appréhender un conflit qui émerge en vous en vue de le résoudre, qu’il soit intrapersonnel, interpersonnel, collectif ou individuel.

La communication

Ces qualités peuvent être utilisées comme des outils pour comprendre au mieux les situations que vous vivez, facilitant ainsi le processus de résolution lors de désaccords. Cela étant dit, j’ajouterais un point très important. Un ingrédient secret pour une recette parfaite, dont j’aime saupoudrer toutes mes relations à profusion : la communication. C’est notre élément alchimique principal qui fera la liaison entre la situation conflictuelle et les qualités abordées dans ce texte.

Sans elle, rien ne se fait, rien ne se défait, rien ne se libère et rien ne fait de sens. La communication est la clé, tout en étant également la base des relations saines dans toutes les sphères de notre vie. Pour paraphraser le fameux théoricien de la communication, Paul Watzlawick de l’école de Palo Alto : « On ne peut pas ne pas communiquer ». En d’autres, termes, tout communique en nous même lorsque nous restons silencieux.

Chacun de nous avons la capacité de contribuer de façon humble et honnête à la création de rapports harmonieux au sein de nos organisations. Chacun de nous a le grand privilège d’être maître de ses actions et de ses émotions. Faisons-en notre résolution et notre vision pour cette année à venir. Que le changement passe par nous tous, pour que nous tous profitions du changement ! 

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